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Le premier monument aux morts

Discours prononce le 2 novembre 1916 par le commandant hayot du 51eme regiment dDiscours prononce le 2 novembre 1916 par le commandant hayot du 51eme regiment d (12.09 Ko)

  Discours prononcé le 2 novembre 1916 par le commandant Hayot du 51ème régiment d’infanterie commandant la place de Lannilis à l’occasion de l’inauguration du premier monument élevé à la mémoire des soldats de Lannilis tombés au champ d’honneur.

   Ce monument était offert par Mme Pierre L’Hostis.

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  « Au nom du 51ème régiment d’infanterie et des autres régiments ici présents, au nom aussi de vos anciens, les vétérans de 1870, je salue la mémoire des braves dont les noms sont gravés sur ce monument et qui sont morts pour la Patrie au champ d’honneur.

   Leurs corps ne reposent point ici sous cette pierre, car pour eux les vicissitudes de la guerre ne sont point terminées. Au hasard des circonstances et des lieux où ils sont tombés, ils ont été inhumés dans des cimetières provisoires, proches des lignes où ils sont encore secoués par l’explosion des obus.

   Mais qu’importe qu’ils soient disséminés tout le long du front, qu’importe qu’ils reposent momentanément dans les plaines noyées de l’Yser, dans les carrières du Soissonnais, dans les tourbières de la Somme, dans les craies de la Champagne, dans les bois de l’Argonne, dans les boues enlisantes de la Woëvre. Si éloignés

 

soient-ils les uns des autres, la pensée humaine plus immatérielle et plus rapide que la lumière elle-même nous permet de les embrasser tous dans le même instant, dans le même hommage.

   Camarades ! Ceux qui comme vous ou avec vous ont déjà combattu ou ceux qui, plus jeunes, affronteront demain à leur tour les dangers des combats, vous apportent ici leur salut fraternel et l’hommage que vous ont mérité votre vaillance, votre dévouement à la Patrie et votre mort glorieuse.

   Mais pouvons-nous penser à ceux qui ne sont plus sans associer ceux qui ont été frappés en eux : leurs pères, leurs mères, leurs frères, leurs sœurs, leurs veuves, leurs orphelins, leurs fiancées même qui, loin de l’ennemi, ont été cependant blessés et plus douloureusement que ceux là même qui sont morts. Car ceux-là ont quitté la vallée des larmes et de misères ; à eux l’auréole de la gloire dans le repos éternel. A leurs parents, à leurs proches, les soucis matériels et les souffrances morales, l’amertume des souvenirs, la douleur immense d’une séparation sans retour.

   A vous tous donc dont le cœur saigne d’une plaie que nulle chirurgie ne sait guérir et que seul peut panser le baume de la religion et de la foi ; à vous les familles éprouvées qui, par la mort de ces braves avez donné à la Patrie une part de vous-mêmes et qui lui donnez maintenant vos douleurs et vos larmes, j’adresse comme à ces morts valeureux, le salut de leurs frères d’armes.

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   Le monument définitif a été inauguré le 12 novembre 1922.

  

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